De quoi vous souviendrez-vous le mieux dans le domaine de la politique énergétique lorsque vous quitterez la scène nationale à la fin de cette législature?
Je pense que les évolutions rapides et décisives du secteur sont les caractéristiques principales de ces dernières années. Ce qui paraît assuré aujourd’hui sera déjà entièrement dépassé demain. Cette dynamique complique l’élaboration de stratégies et de lois qui doivent apporter sécurité et stabilité pendant un certain temps.
Vous restez président de Kraftwerke Oberhasli (KWO) AG, qui appartient pour moitié à BKW Energie SA. D’après vous, quelles sont les opportunités et quels sont les risques pour les centrales d’accumulation et les centrales au fil de l’eau de KWO?
KWO dispose de 13 centrales électriques qui produisent chaque année 2300 GWh d’électricité dépourvue de CO2. Grâce à sa grande flexibilité, KWO joue un rôle important dans la stabilité du réseau. Avec le projet Trift et le rehaussement du mur du barrage du lac de Grimsel, KWO dispose simultanément de deux projets qui pourront largement contribuer à l’avenir à soulager la problématique de l’approvisionnement et de la stabilité pendant la deuxième moitié de l’hiver. Je considère donc que les opportunités sont nombreuses. Les risques sont liés au climat d’investissement qui n’est pas tout à fait favorable compte tenu des prix bas de l’électricité.
Lors de la session écoulée, le Parlement a cimenté pour les quatre prochaines années le statu quo avec une redevance hydraulique maximale élevée. Quand la force hydraulique aura-t-elle l’opportunité qu’elle mérite en tant qu’énergie durable?
Grever la force hydraulique par la redevance hydraulique est regrettable dans la situation actuelle du marché. Je ne comprends pas que les cantons montagneux n’aient pas proposé un compromis et donc une flexibilisation modérée de la redevance hydraulique. Je crois qu’une telle approche aurait été dans leur intérêt. Ce n’est que dans quatre ans que nous aurons de nouveau une opportunité de réaliser une solution admissible pour les deux parties.
Vous êtes membre de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie (CEATE-E) depuis 2011. Vous l’avez même présidée de 2015 à 2017. Dans quelle direction la politique énergétique suisse se dirige-t-elle et quelle est l’importance d’un accord sur l’électricité avec l’UE, comme le demande Suzanne Thoma?
Premièrement, j’espère que la vision selon laquelle il faudra continuer à produire une grande partie de notre besoin en électricité en Suisse, même après l’arrêt des centrales nucléaires, s’imposera. Deuxièmement, j’espère qu’une conception du marché qui rapprochera à nouveau la branche de l’électricité du marché s’imposera finalement. Un accord sur l’électricité avec l’UE revêt une grande importance pour le marché suisse de l’électricité, si bien qu’il est indispensable d’en conclure un.
La sécurité d’approvisionnement est le mot d’ordre à l’heure actuelle. Pendant la session d’été, le Parlement traite une motion correspondante (19.3004) de la CEATE-E qui cherche à garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité à long terme et à clarifier les responsabilités en ce sens. Quelles sont les chances d’un modèle de marché capacitaire?
Le fait que le Conseil fédéral ait demandé à ce que la motion soit adoptée indique que notre gouvernement a reconnu le problème. C’est une réalité. Mais les avis divergent fortement sur la manière d’atteindre cet objectif. Je suis personnellement très favorable à un modèle de marché capacitaire. Je ne me risquerais toutefois pas à prédire qu’un tel modèle s’imposera en fin de compte.