L’Homme aime beaucoup voyager. C’est aussi le cas des poissons. Malheureusement, il leur est difficile de se déplacer librement. En effet, nos barrages et nos centrales hydroélectriques se mettent inévitablement en travers de leur chemin. On connaît certes depuis la fin du XIXe siècle les passes à poissons, ces contournements artificiels prévus pour les écosystèmes aquatiques. Et presque toutes nos centrales électriques disposent déjà de ce genre d’installations. Toutefois, elles sont devenues obsolètes et il y a encore beaucoup trop d’animaux qui ne réussissent que très difficilement à les franchir, ou qui, parfois, n’y parviennent pas du tout.
D’ici 2030, cela devrait changer. C’est ce que la nouvelle Loi fédérale sur la protection des eaux exige. Les centrales électriques vont par conséquent être rénovées conformément à la loi. Carl Robert Kriewitz, ingénieur civil et directeur général des projets de rénovation au sein de BKW Engineering souligne: «Il est nécessaire de rénover, entre autres, les systèmes de montaison pour les poissons. Ces derniers permettent aux poissons de remonter le courant et de franchir les centrales.»
En Suisse, la principale technique de rénovation consiste à utiliser ce que l’on appelle les passes à fentes. M. Kriewitz en explique la raison: «Elles sont particulièrement efficaces et elles ont fait leurs preuves.» Le principe est le suivant: les poissons suivent le courant et, peu avant la sortie des turbines, ils accèdent à la passe à poissons, qui rejoint ensuite la rivière bien au-delà du barrage. Pour permettre aux poissons de franchir la différence de hauteur entre l’aval et l’amont du barrage, ce système, également appelé «échelle à poissons», comporte de nombreux bassins dans lesquels le niveau de l’eau n’augmente que de quelques centimètres jusqu’à atteindre celui de l’autre côté de la centrale.
Un système pensé pour les saumons
La contrainte principale de ces nouvelles échelles à poissons est la suivante: elles doivent être adaptées aux saumons. «La taille des passes est conçue pour un saumon d’un mètre de long. L’objectif est de réintroduire des poissons qui ont disparu dans notre région», explique M. Kriewitz. Il est également primordial que ces nouvelles passes à poissons permettent à toutes les espèces autochtones de franchir le barrage. En outre, les cantons ont défini des espèces cibles de poissons. Ces catégories servent souvent de base pour déterminer les débits autorisés dans l’échelle à poissons.
Les nouvelles passes à poissons sont beaucoup plus grandes et longues que les précédentes. Il semble donc nécessaire de coordonner les travaux de construction avec toutes les entreprises impliquées. Alexander Andreaus, représentant de maître d’ouvrage chez BKW, fait en sorte de coopérer avec les autorités cantonales, les représentants des communes et les fermiers, mais également les associations de pêche et les organisations de protection de l’environnement. «Collaborer avec tous les acteurs est très important à nos yeux. C’est ainsi que nous tirerons le plus grand profit de ces rénovations et que la population se rendra compte de la plus-value écologique que nous créons.»
La centrale électrique bernoise de Bannwil sera probablement rénovée à partir de l’été 2021. Toutes les espèces de poissons actuellement présentes dans l’Aar pourront alors franchir la centrale grâce à une échelle à poissons de 270 mètres de long. Ce sera aussi le cas pour les poissons moins vigoureux comme les alevins: ils disposeront d’une entrée dans les dispositifs d’escalade mobiles un peu plus éloignée du débit direct des turbines. Une salle de visite est prévue pour que les personnes intéressées puissent observer la migration des poissons.
Des recherches sur les systèmes de dévalaison
Bannwil joue également un rôle important dans la recherche sur une autre thématique: les systèmes de dévalaison. Les scientifiques de toute l’Europe étudient les moyens de s’attaquer à ce problème, jusqu’ici difficile à résoudre. En effet, les poissons peuvent se blesser lorsqu’ils passent à travers les turbines.
A Bannwil, BKW a réalisé une étude pilote lancée par l’association Aare-Rheinwerke (VAR) et financée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). «Nous avons équipé les barbeaux et les truites d’émetteurs afin de pouvoir suivre leurs déplacements dans le système fluvial», explique M. Kriewitz. Ainsi, il est possible d’observer, entre autres, le comportement des poissons aux abords de la centrale électrique. En outre, des grilles de direction sont prévues afin de guider les poissons dans un passage de dévalaison sécurisé qui permet d’éviter les turbines. Bannwil constitue donc un modèle utile pour le calcul des coûts et de la faisabilité. Ce n’est que si tout fonctionne correctement que l’OFEV autorise la construction.
Combien de poissons peuvent être guidés au-delà de la centrale à l’aide des grilles de direction couplées aux systèmes de dévalaison? «Au laboratoire, on atteint les 80%. Nous espérons retrouver ce taux en application réelle, dans la nature», souhaite M. Kriewitz, qui, auparavant, faisait des recherches sur le sujet à l’Ecole polytechnique fédérale.
La loi fédérale sur la protection des eaux prévoit également la rénovation, d’ici 2030, de la sortie sous la centrale électrique. Lorsque la centrale met en marche ses turbines, le débit de l’eau augmente généralement très vite. Lorsque les turbines sont à l’arrêt, le débit se réduit drastiquement et les poissons risquent de se retrouver soudainement sans eau.
L’exemple d’Oberhasli
Kraftwerke Oberhasli AG (KWO) a résolu ce problème en réduisant les effets nuisibles des éclusées. Un bassin et une caverne souterraine y ont été construits afin de lisser les fluctuations du débit. «Ainsi, le débit varie bien plus lentement dans le cours de la Hasliaare», explique Steffen Schweizer, responsable du service spécialisé en écologie au sein de KWO. «Les poissons et les insectes aquatiques ont donc plus de temps pour se déplacer si les forces hydrauliques deviennent trop élevées.» Ce système est pleinement opérationnel depuis 2018.
Les dispositifs d’escalade mobiles installés sont également très intéressants: après une passe d’environ dix mètres de long, les poissons sont transportés à l’aide d’un ascenseur. Steffen Schweizer précise: «Ils remontent sur cinq mètres, dans une cuve remplie d’eau.» Une fois remontés, les poissons sont relâchés dans l’eau en amont grâce à un tube en plastique, dans le petit lac devant le barrage. «Ils se retrouvent jusqu’à deux mètres plus loin, en fonction du niveau de l’eau dans le petit lac», précise M. Schweizer.
En septembre 2020, un autre ascenseur à poissons devrait être construit aux abords de la centrale hydraulique de Mühleberg. Ce système est la meilleure solution (et souvent la seule) pour permettre aux poissons de migrer en amont, si la hauteur à franchir dépasse un certain niveau.
Plus de protection pour les poissons de l’Aar
L’Aar, dans le secteur de BKW, abrite diverses espèces de poissons qui ont besoin de passes migratoires. Les plus connus sont les ombres, les truites d’Europe, les barbeaux, les perches et les brochets. Cependant, l’Aar abrite également des gardons, des chevaines, ainsi que les brèmes, des nases et des spirlins.
Notre contribution à la durabilité
Par nos actions, nos produits et nos prestations, nous contribuons au développement durable de la société, de l’économie et de l’environnement. BKW développe des solutions pour l’aménagement d’infrastructures et d’espaces de vie pérennes. L’entreprise s’engage en faveur des objectifs de développement durable des Nations Unies. Vous trouverez de plus amples renseignements concernant notre gestion du développement durable ici. |
Commentaires
BKW est ouverte à un dialogue en ligne respectueux (notre nétiquette) et accueillera volontiers vos commentaires et vos questions. Pour les questions qui ne correspondent pas au sujet ci-dessus, veuillez utiliser le formulaire de contact.