Le démantèlement de la centrale nucléaire de Mühleberg suit son cours mais le chemin est encore long jusqu'à la possible réaffectation du site, en 2034. C'est ainsi que l'agence de presse nationale Keystone-SDA introduit son rapport pour une visite du chantier sans doute le plus propre de Suisse.
A ce jour, 5400 tonnes de matériaux ont été évacuées, quatre ans après l'arrêt de la centrale. Cette quantité représente environ un tiers de tout ce qui doit être transporté jusqu'au démantèlement complet, a appris Keystone-ATS auprès de BKW lors d'une visite sur place. Un premier cap important a été franchi début septembre, avec la sortie des derniers éléments combustibles encore présents, qui sont désormais entreposés dans le centre intermédiaire de stockage (Zwilag) de Würenlingen, en Argovie (voir le communiqué de presse). L'évacuation de tous les éléments combustibles était la phase clé des travaux. Aujourd'hui, Mühleberg ne présente plus aucun risque sur le plan nucléaire, précise Urs Amherd, responsable de la stratégie nucléaire chez l'énergéticien BKW.
Il avait fallu cinq ans pour construire la centrale, de 1967 à 1972. Le démontage doit durer trois fois plus longtemps. Il occupe pas moins de 300 personnes, soit autant que lorsque la centrale, arrêtée en décembre 2019, était encore en activité.
Des mesures de sécurité strictes
Des mesures de sécurité strictes sont toujours observées. Pour entrer sur le site, il faut revêtir une combinaison de protection et porter un dosimètre qui mesure la radioactivité. Il faut aussi passer plusieurs contrôles de sécurité.
De l'extérieur, la centrale nucléaire avait l'air comme d'habitude lors de la visite. Le parking était également plein. Près de 300 personnes sont occupées au démantèlement. Il y a donc actuellement autant de personnes qui travaillent dans la centrale nucléaire que pendant l'exploitation.
Emballé dans des boîtes
En revanche, le matériel contaminé n'est pas radioactif en soi, mais il est contaminé par des radionucléides. Les impuretés proviennent du contact du matériau avec des liquides ou des gaz contenant des particules radioactives. Comme elles n'affectent que la surface, elles peuvent être enleveés. Les impuretés retirées sont éliminées en tant que déchets radioactifs. Certains sont placés dans de l'acide pour être décontaminés. D'autres sont placées dans la grenailleuse à bande en auge, une sorte de machine à laver pour les pièces en acier. Des nettoyeurs à haute pression, dont la pression est jusqu'à 20 fois supérieure à celle d'un Kärcher domestique, sont également utilisés.
Si les pièces sont trop grandes, elles sont sciées. L'équipement de la centrale doit passer par un sas d'entrée dans des boîtes de 80 centimètres sur 120. Celui-ci ressemble à un scanner à bagages dans un aéroport. Dans le sas, on mesure si la radioactivité du matériel est inférieure aux valeurs limites fixées par la loi. Les pièces individuelles plus grandes sont mesurées manuellement, de même que la substance de construction. Si l'installation donne son feu vert, le matériel peut sortir. Une grande partie d'entre eux finissent chez des ferrailleurs ou dans des décharges.
Chaque boulon
Chaque boulon doit être enlevé, nettoyé, mesuré, avant d'être évacué. Le démantèlement est un travail de titan, qui demande aussi beaucoup de minutie. Les caisses contenant les pièces démontées s'empilent partout dans la centrale.
Les spécialistes doivent faire le tri entre les matériaux actifs et le matériel contaminé. La première catégorie regroupe les matériaux rendus radioactifs par le rayonnement neutronique. Ces déchets radioactifs sont plongés dans un bassin rempli d'eau - un mètre d'eau permet de réduire la radiation d'un facteur mille – avant d'être acheminés au centre de stockage.
Les matériaux contaminés pour leur part ne sont pas radioactifs mais pollués après avoir été au contact de liquides ou de gaz contenant des particules radioactives. Il s'agit aussi de déchets radioactifs, mais le processus de traitement et de décontamination diffère de celui de la première catégorie de matériaux.
Amiante et colorants
Le démantèlement réserve parfois quelques surprises. Ainsi, les spécialistes ont trouvé de l'amiante en quantité supérieure à ce qui était prévu. Des colorants contenant des polychlorobiphényles (PCB) ou du plomb disséminés dans toute la centrale ont également compliqué les travaux.
«Nous avons même dû changer nos combinaisons non pas à cause de la radioactivité mais des substances chimiques toxiques», a précisé Urs Amherd. Pas de quoi cependant rallonger les délais.
La centrale de Mühleberg est la première en Suisse à avoir été arrêtée. La décision a été prise en 2013 pour des raisons économiques.
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