C’est l’une des stars de la scène architecturale européenne. Il fait référence en matière de construction écologique et durable dans le monde entier. L’Allemand Christoph Ingenhoven, 60 ans, repousse les limites. Son entreprise ingenhoven architects, qui emploie 100 personnes à Düsseldorf, a été rachetée par BKW il y a un an. Toutefois, en tant que directeur, Chairman et Design Principal, Ingenhoven reste aux premières loges – et nous fait découvrir une dimension nouvelle avec ses immeubles de grande hauteur.
Monsieur Ingenhoven, existe-t-il une architecture typiquement suisse?
Assurément. Il existe des architectes suisses contemporains exceptionnels. Et ces personnalités se sont souvent développées en toute discrétion. Le manque de pression et d’attention des médias crée un certain calme, qui laisse le temps aux projets et aux gens de mûrir. Je pense par exemple à Jacques Herzog et Pierre de Meuron, de Bâle, deux stars mondiales de l’architecture. Pourtant, Bâle n’est guère le centre du monde. Ou au Tessin, avec Mario Botta. Ou encore à Coire, avec Peter Zumthor. Soudain, de véritables génies font leur apparition.
La structure et l’architecture des bâtiments historiques sont beaucoup plus visibles en Suisse que dans votre pays d’origine, l’Allemagne. Quel en est l’impact sur l’architecture?
C’est la raison pour laquelle la Suisse entretient une relation entière avec l’architecture moderne. Elle est restée quasi intacte pendant la guerre. Certes, il y a eu quelques destructions,je dirais, «d’après-guerre». Mais en Allemagne, cela a été beaucoup plus violent. D’une part, les destructions provoquées par la guerre y ont été beaucoup plus importantes, et d’autre part, le sentiment de devoir prendre ses distances par rapport à quelque chose et de s’en défaire, a éliminé 50% du reste. Un peu selon la devise: le XIXe siècle n’était-il pas une sorte «d’ère pré-nazie»? Détruisons donc tout cela en même temps.
Qu’est-ce qui vous lie également à la Suisse?
J’ai une grande affinité avec la Suisse, surtout avec les Grisons. Je séjourne régulièrement en Engadine depuis plus de trente ans et je vais bientôt y construire une maison pour ma famille. J’ai bien l’intention de passer encore une grande partie de ma vie ici. Mon frère vit pendant une partie de l’année à Soglio, dans le val Bregaglia.
Certains de vos ouvrages les plus célèbres sont des immeubles de grande hauteur. Des bâtiments aussi gigantesques sont-ils judicieux d’un point de vue écologique?
En principe, je devrais dire: non! En tous les cas, pas toujours et pas partout. Ce serait complètement absurde. Un immeuble de grande hauteur exige toujours plus d’efforts en termes de conception, de construction, de logistique, d’exploitation, de chauffage et d’approvisionnement en eau. Plus un bâtiment est haut, plus il est difficile à justifier d’un point de vue écologique. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe des situations sur terre où le fait de devoir loger de nombreuses personnes pose un réel problème. Et la population mondiale continue de croître fortement. Il nous faut faire des concessions et nous adapter. Tout en fournissant aux gens un espace de vie. Nous ne pouvons pas décider de laisser le milliard de personnes à venir à l’abandon.
Si je vous comprends bien, un immeuble de grande hauteur est un bâtiment efficace…
… l’avantage des immeubles de grande hauteur, c’est qu’ils nécessitent peu d’espace et qu’ils exploitent très bien l’infrastructure. Mais sur le fond, je dirais qu’il faut avant tout construire de manière dense. Parfois, cela peut aussi signifier construire en hauteur. Si l’on bâtit une nouvelle ville, il faut la construire de manière dense et mixte. En d’autres termes: le monde a besoin d’immeubles de grande hauteur – et d’immeubles de grande hauteur beaucoup plus performants.
Comment ces réflexions influencent-elles vos nouveaux projets, par exemple le Kö-Bogen II, à Düsseldorf?
Il s’agit là quasiment d’un projet prototype. Le centre-ville a été créé en grande partie dans les années 50 et 60. La situation de départ était plus que malheureuse. A Düsseldorf, certaines parties du centre-ville n’étaient pas correctement reliées, les espaces routiers étaient devenus illisibles, s’orienter y était difficile. Un tas de choses avaient mal tourné. Par exemple, nous avons dû démolir une route surélevée, dont la conception était catastrophique pour la ville. Cette route surélevée traversait le centre et passait en plein milieu de la Schadowstrasse,comme si une autoroute franchissait la Bahnhofstrasse à Zurich. La démolition de cette route a libéré deux grandes zones. Nous avons été autorisés à construire le Kö-Bogen II sur l’une de ces zones. Nous voulions créer quelque chose de nouveau qui relierait le Dreischeibenhochhaus et le Schauspielhaus à la ville.
Et comment avez-vous associé cela à une architecture durable, littéralement «verte»?
Nous avons créé une haie de charmes de huit kilomètres de long composée de plus de 30’000 plantes – sur 1,5 mètre de hauteur et 60 centimètres de profondeur – qui couvre la façade et le toit. Cet ensemble représente un changement de paradigme: sur le plan de l’urbanisation, il incarne une rupture avec l’ère de l’automobile, un regain d’intérêt pour l’humain comme point focal et une réponse possible des villes au changement climatique grâce à sa vaste façade végétalisée. Notre objectif dans ce projet était de rendre à la ville autant de verdure que possible.
s avons créé une haie de charmes de huit kilomètres de long composée de plus de 30’000 plantes – sur 1,5 mètre de hauteur et 60 centimètres de profondeur – qui couvre la façade et le toit. Cet ensemble représente un changement de paradigme: sur le plan de l’urbanisation, il incarne une rupture avec l’ère de l’automobile, un regain d’intérêt pour l’humain comme point focal et une réponse possible des villes au changement climatique grâce à sa vaste façade végétalisée. Notre objectif dans ce projet était de rendre à la ville autant de verdure que possible.
Vous avez fait breveter le concept de durabilité supergreen. Sur quelle vision repose ce projet?
Au fil des ans et des décennies, nous avons beaucoup discuté avec des experts, des consultants et des ingénieurs. Nous avons ainsi développé une philosophie et un mode de pensée qui abordent résolument les domaines de la responsabilité écologique, de la préservation des ressources naturelles et des économies d’énergie dans tous les projets. Les mandants nous perçoivent donc en conséquence, ils savent que nous sommes garants de ces qualités. Dans chaque pays, nous nous conformons aux normes locales: en Suisse, nous construisons selon la norme Minergie. Le concept supergreen reflète également les exigences croissantes des gens vis-à-vis des facteurs sanitaires dans leur environnement quotidien.
Ingenhoven architects fait partie de BKW Engineering depuis un an. Quels sont les principaux avantages de cette reprise?
Cette coopération représente une grande opportunité. Mais comme dans toutes les grandes opportunités, tout est loin d’être acquis en amont. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour que tout se passe automatiquement. Au début, il y a toujours une idée: il faut partir de celle-ci et travailler intensément et de concert les uns avec les autres. Le monde compte beaucoup d’ingénieurs. Ils existent déjà aujourd’hui et ils seront indispensables à l’avenir lorsqu’il s’agira de traiter les questions soulevées et d’y répondre. BKW travaille d’ores et déjà à élaborer des solutions pour un avenir où il fera bon vivre dans les domaines des infrastructures, des bâtiments et de l’énergie.
Avez-vous un rêve? Qu’aimeriez-vous construire d’autre?
Les rêves font en quelque sorte partie de mon quotidien: j’aimerais construire une grande clinique. Et un grand aéroport. Personnellement, en tant que Christoph Ingenhoven, bâtir une église serait un projet formidable. J’ai reçu une éducation très catholique. Et je suis toujours dans la recherche. Une église devrait être un lieu de recherche pour les gens. J’aimerais également construire un pont. Les ponts, ça a un côté génial, presque métaphorique. Enfin, je voudrais créer un bâtiment culturel, comme une salle de concert symphonique ou un théâtre.
Notre contribution à la durabilité
Par nos actions, nos produits et nos prestations, nous contribuons au développement durable de la société, de l’économie et de l’environnement. BKW développe des solutions pour l’aménagement d’infrastructures et d’espaces de vie pérennes. L’entreprise s’engage en faveur des objectifs de développement durable des Nations Unies. Vous trouverez de plus amples renseignements concernant notre gestion du développement durable ici. |
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