BKW fête cette année son 125e anniversaire. Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être président du conseil d’administration d’une entreprise avec une si longue histoire?
Roger Baillod: Présider le conseil d’administration d’une entreprise dont l’histoire est aussi longue et prospère est à la fois exigeant et enrichissant. Un tel historique implique également une responsabilité pour assurer la pérennité de l’entreprise. Personne ne veut faire partie de cette longue histoire à titre de dernier président du conseil d’administration. (rires)
Quels ont été les facteurs de succès depuis la création de BKW en 1898?
Nous nous sommes penchés sur l’histoire de BKW à l’occasion de cet anniversaire. Avec le recul, je pense que le succès est lié aux décisions toujours courageuses, mais bien réfléchies de l’entreprise. Il faut aussi dire que l’entreprise a tout de même connu des années difficiles. Je pense notamment aux années où les prix de l’électricité étaient très bas.
Quelles ont été, selon vous, les décisions les plus courageuses prises par BKW?
Dans les années de fondation, il s’agissait certainement des grands investissements dans les centrales hydrauliques, d’abord les centrales au fil de l’eau comme Hagneck ou Mühleberg, mais aussi les centrales à accumulation dans l’Oberhasli. Il faut également mentionner la construction de la centrale nucléaire de Mühleberg en 1972. En ce qui concerne le démantèlement de cette centrale depuis 2019, BKW est pionnière en Suisse et fait des expériences importantes dont profiteront aussi d’autres exploitants de centrales. BKW a également été pionnière en matière d’énergies renouvelables. En 1992, elle a mis en service la plus grande centrale solaire autonome d’Europe de l’époque, au Mont-Soleil. Celle-ci fournit aujourd’hui encore de l’électricité solaire de manière fiable et il est même prévu de doubler la puissance de la centrale solaire à moyen terme. Enfin, nous exploitons avec Juvent le plus grand parc éolien de Suisse.
BKW a donc souvent fait figure de pionnière. Ce vent souffle-t-il aujourd’hui encore dans les voiles de BKW?
Oui. Je ressens toujours, dans l’entreprise, une forte envie d’innover. On peut citer par exemple la décision stratégique de développer un troisième pilier avec le secteur des services, en plus de l’énergie et des réseaux. Cela nécessitait du courage et de la clairvoyance. Aujourd’hui, il s’avère que cette stratégie est un succès. Nous allons de l’avant dans les trois domaines. Nous développons les énergies renouvelables grâce à de grands projets énergétiques comme le lac de rétention du Trift ou la plus grande installation solaire autonome de Suisse, située près de l’aéroport de Belpmoos. Nos entreprises du secteur tertiaire sont également à l’avant-garde de la transition énergétique, que ce soit dans le domaine de la construction durable, des installations solaires innovantes ou de la planification de l’intégration d’installations solaires, de pompes à chaleur et de voitures électriques. En tant que plus grand gestionnaire de réseau de distribution de Suisse, nous développons le réseau du futur et rendons possible la transition énergétique.
Pour son 125e anniversaire, BKW lance l’initiative «Espaces de vie 2025». Quel est l’objectif de cette initiative?
Nous sommes convaincus que la prospérité et l’environnement peuvent être maintenus en équilibre et que nous pouvons contribuer à un avenir où il fait bon vivre grâce à nos offres. L’initiative «Espaces de vie 2025» de BKW se veut une plateforme pour différents groupes d’intérêt. L’objectif est de trouver des solutions pour préserver et aménager des espaces où il fait bon vivre. La coopération et le dialogue entre l’économie, la science, la société et la politique doivent permettre d’élaborer des possibilités d’action dans le présent.
Que souhaitez-vous à BKW pour les 125 prochaines années?
Je souhaite que BKW continue de compter dans ses rangs des personnes aux idées courageuses. Notre tâche en tant que conseil d’administration et direction du groupe est de créer pour nos collaboratrices et collaborateurs hautement qualifiés et motivés une culture d’entreprise qui permette de mettre en œuvre ces idées. Les grands projets énergétiques comme les lacs de retenue ont justement un horizon de 80 à 100 ans. Ce serait une bonne chose si, à l’occasion du bicentenaire de BKW, mes successeurs pouvaient féliciter notre génération pour avoir rendu possible la construction d’ouvrages comme le projet Trift et l’élévation du barrage du Grimsel.
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