Nouvel habitat: des amphibiens menacés sous haute tension

Les amphibiens n’ont pratiquement plus d’habitat en Suisse. 80 % des espèces indigènes sont menacées, dont le sonneur à ventre jaune. Avec le soutien du fonds écologique BKW, Pro Natura a créé un nouvel habitat pour cette espèce d’amphibien. Les pylônes électriques offrent un cadre idéal pour ce projet.

Des insectes volent dans l’air, l’odeur du bois frais se fait sentir et les plantes fleurissent à perte de vue. Au printemps et en été, la nature est en effervescence. Une promenade en forêt nous permet de nous ressourcer. Nous apprécions de nous déconnecter de la vie quotidienne, d’être à l’extérieur dans une nature intacte, entourés de la flore et de la faune.

 

Le revers de la médaille

Ce que nous ignorons souvent, c’est que certains êtres vivants manquent d’habitat. En Suisse, les espèces animales et végétales qui vivent dans l’eau ou qui dépendent des zones humides sont plus menacées que les autres. C’est le cas du sonneur à ventre jaune.

Au cours de ces dernières décennies, 90% des zones humides ont disparu. La principale raison est l’intervention de l’être humain dans la nature, comme l’explique Andrea Haslinger, responsable du projet Aires protégées et biodiversité chez Pro Natura: «Les marais ont été asséchés, les ruisseaux ont été enterrés dans des canalisations, les rivières ont été rectifiées et les étangs ont été comblés.»

Le petit crapaud au ventre tacheté de jaune et de noir aime l’humidité. Les têtards et les larves vivent d’abord dans l’eau. Lorsqu’ils se transforment en sonneur à ventre jaune, ils quittent les eaux et vivent généralement sur la terre ferme. Les femelles fraient dans des mares toujours différentes. C’est primordial, explique Andrea Haslinger: «Pour préserver la diversité génétique, il est essentiel que les populations soient constamment connectées entre elles.»

Deux personnes se tiennent devant un poteau électrique.
Andrea Haslinger, responsable du projet Aires protégées et biodiversité chez Pro Natura, et Marius King, spécialiste de la durabilité chez BKW. Photo: Jasmine Scholer

Bien connectés grâce aux pylônes électriques

C’est là qu’entrent en jeu les pylônes électriques. L’espace sous les pylônes électriques ne peut guère être utilisé à d’autres fins. Et les pylônes sont parfaitement connectés. «La distance d’un pylône à l’autre est idéale pour les crapauds», explique Andrea Haslinger.

Pro Natura a saisi cette opportunité pour la première fois il y a environ cinq ans, notamment en collaboration avec le fonds écologique BKW. Pro Natura a mis en place un projet pilote dans la région de Mühleberg, Gümmenen et Laupen: durant l’hiver 2018-2019, l’organisation a créé dix petites mares drainables sous des pylônes électriques. Ces petits plans d’eau se remplissent d’eau de pluie et sont asséchés en hiver. Ainsi, les prédateurs du sonneur à ventre jaune, comme les larves de libellules ou les poissons, ne peuvent pas s’installer.

Le fonds écologique BKW a participé financièrement à ce projet. «Dans le cadre du fonds écologique, BKW contribue activement à la protection et à la promotion de la biodiversité en Suisse», explique Marius King, spécialiste de la durabilité chez BKW, avant de poursuivre: «Les installations énergétiques offrent un grand potentiel d’amélioration de la biodiversité. Le projet mené à la centrale hydraulique de Mühleberg est un bon exemple de la manière dont ce potentiel peut être exploité.»

Un atout pour l’être humain et la faune

Aujourd’hui, soit cinq ans plus tard, Andrea  Haslinger dresse un bilan positif. La deuxième année après la construction, les premiers crapauds se sont installés près de certaines mares. Elle se souvient: «Ce fut un moment particulier lorsque j’ai constaté pour la première fois la présence de sonneurs à ventre jaune dans une mare. Le travail de préparation est alors pleinement récompensé.»

Elle a notamment gardé en mémoire ses échanges avec le jeune fils d’un exploitant. Depuis la construction des mares, le jeune garçon s’occupe de ces petits plans d’eau. «Lorsque je l’ai rencontré, il m’a parlé avec enthousiasme de ‹ses› sonneurs à ventre jaune», rapporte la responsable du projet. Bien entendu, ce projet de promotion des espèces est avant tout axé sur la biodiversité. Mais il est d’autant plus intéressant que les gens en profitent aussi et y prennent plaisir.

Les choses ont évolué

Au début du projet, la Confédération a déclaré le sonneur à ventre jaune comme espèce fortement menacée. Aujourd’hui, il figure encore sur la liste des espèces menacées. «Ma première pensée a été que notre projet y a certainement contribué», confie Andrea Haslinger. «Chaque mare compte», cela vaut tout particulièrement pour le sonneur à ventre jaune. En effet, la survie de cette espèce dépend fortement des mesures prises en sa faveur par les particuliers et les autorités. Le projet pilote a été couronné de succès. Depuis, Pro Natura a construit ou prévoit de construire des mares sous les pylônes électriques dans cinq autres régions de Suisse.

Lors de votre prochaine promenade, soyez donc attentifs aux moindres recoins de la nature. Et avec un peu de chance, vous pourrez même apercevoir un sonneur à ventre jaune dans une mare.

[Translate to bkw.ch: FR:] Eine Karte des Stromnetzes im Raum Mühleberg.
Das Stromnetz rund um das Wasserkraftwerk Mühleberg ist ideal für die Vernetzung der Unken. Image: Pro Natura

Fonds écologique BKW

Les clients et clientes achetant du courant certifié «naturemade star» soutiennent le fonds écologique BKW. Ces fonds sont réinjectés dans la nature.

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